Protéger à la fois les cerfs et leur habitat… la suite

Le gouvernement du Québec a annoncé le 28 juin son intention de modifier la Loi sur les parcs à des fins scientifiques, éducatives ou de gestion de la faune en vertu de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune.

La surpopulation des cerfs de Virginie au parc national du Mont-Saint-Bruno ne cesse de s’aggraver.  Ces grands cervidés souffrent et leur habitat aussi.

Si la modification au Règlement sur les parcs est adoptée, la Sépaq pourra poser des gestes concrets pour réduire la surpopulation des cerfs dans son parc national de proximité. (Photo d’entête : JMcD)

Le 27 avril 2021 au parc national du Mont-Saint-Bruno : Un printemps difficile où la nourriture est presque inexistante. (Photo : Tanya Handa)

L’urgence d’agir

Depuis quelques années déjà, la Fondation rencontrent les élus afin de les sensibiliser à l’urgence de contrôler la surpopulation des cervidés. Elle siège aussi à la table de concertation régionale pour le contrôle des populations de cerfs de Virginie.  Après des années d’observations scientifiques et de discussion avec les décideurs, voici pourquoi nous nous rallions à la décision complexe et déchirante du gouvernement.

La surpopulation expliquée

Il y a dix ans, il faillait se balader tôt le matin pour observer un ou deux cerfs au parc national du Mont-Saint-Bruno.  Aujourd’hui, il est rare de ne pas les voir à toute heure de la journée.  On les trouve aussi à proximité du parc où ils cherchent de quoi se nourrir, comme c’est le cas dans la photo ci-jointe du rond-point Montpellier et Tailhandier à Saint-Bruno (Photo : JMcD).

On compte actuellement 15 cerfs de Virginie au km2 dans l’enceinte du parc national du Mont-Saint-Bruno. Or, pour maintenir la diversité d’une forêt, les études ont démontré qu’il ne devrait pas avoir plus de 4 à 6 cerfs au km2

Tanya Handa

biologiste

Deux raisons sont au cœur de la surabondance des cerfs de Virginie : le manque de prédateurs et la fragmentation du milieu.  Lorsque l’empreinte humaine est limitée, l’équilibre de l’écosystème est maintenu par des prédateurs naturels comme le loup, le coyote et le cougar.  Par contre, lorsqu’elle ne l’est pas, les résultats peuvent être dévastateurs. Ci-après, la destruction d’un milieu naturel situé sur le mont Saint-Bruno (photos : JMcD).

Avant

Pendant

Après

Résidence de prestige

Des options complexes et déchirantes

Comment protéger les cerfs tout en protégeant l’habitat qui leur donne vie ?

Les milieux naturels du sud du Québec et leurs écosystèmes sont fragilisés par le surbroutage, l’agrile du frêne et d’autres ravageurs.

C’est pourquoi les gouvernements et les organismes de conservation comme la Fondation du Mont-Saint-Bruno tentent d’augmenter la connectivité des forêts et le couvert forestier du corridor écologique de la Vallée-du-Richelieu afin de réduire la pression sur les écosystèmes.

Il faut cependant être honnête : Comme la surabondance des cerfs est un phénomène généralisé dans le Sud du Québec, où peuvent-ils migrer?

L’option de déplacer certains cerfs n’est pas réaliste non plus car ils pourraient faire face à un choc d’adaptation et transporter des maladies vers d’autres milieux.

Devons-nous les laisser détruire leur habitat et mourir ?

Les cerfs de Virginie sont de plus en plus affaiblis par le manque de nourriture et les maladies. Devons-nous les laisser mourir de faim à moins 20°C l’hiver ou même à 30°C l’été lorsque le réchauffement climatique assèche le sol ?

Les humains sont à l’origine du problème et doivent maintenant le régler pour assurer l’avenir des espèces sur le mont Saint-Bruno, dont celui des cervidés.

Malgré le fait qu’il n’y ait pas de solution idéale, la chasse contrôlée demeure l’approche à privilégier, à l’instar de la stratégie adoptée en Écosse et à celle qu’utilise la Nature depuis des millions d’années.