Conservons, et ils reviendront

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Conservons, et ils reviendront

En se retirant il y a 14 000 ans, la mer de Champlain a laissé la place à des écosystèmes riches de biodiversité, dont les cours d’eau et milieux humides qui entourent le mont Saint-Bruno, issus de la pluie et de la fonte des neiges.

Aujourd’hui, la biodiversité de nos cours d’eau est menacée.  Depuis seulement quelques décennies, l’urbanisation et l’agriculture intensive ont modelé et dégradé nos cours d’eau : perte de la toponymie d’origine, déplacement, enfouissement, canalisation, érosion des berges, rejets des eaux pluviales et de polluants agricoles.

Grâce à l’appui de RBC, la Fondation a pu collaborer avec la ville de Saint-Bruno et COVABAR, de 2016 à 2018, pour renverser le cours de cette destruction.

Voici pourquoi ce projet est si imporant et ce qui en résulte aujourd’hui.

L’importance des bandes riveraines

Les bandes riveraines capturent et filtrent la pollution agricole ou industriel diffuse qui provient de l’érosion des sols et du ruissellement. Elles créent ainsi une barrière de protection entre les terres urbanisées et la vie aquatique.

Mais ce n’est pas tout.  Elles favorisent le développement des habitats et des corridors de déplacement pour la faune et la flore. Elles contrôlent aussi les inondations, tout en contribuant à la beauté du paysage.

Les scientifiques ont noté que les arbres plantés en périphérie des cours d’eau offrent le plus grand bénéfice pour la qualité de l’eau et la biodiversité comparativement aux bandes riveraines herbacées ou même arbustives.

 

Les bandes riveraines dénudées provoquent un ruissellement qui est souvent contaminé.  Cette photo du ruisseau des Frères a été prise en 2016.

Plantation au ruisseau des Frères

En 2016, la Fondation a choisi le ruisseau des Frères comme projet pilote pour la plantation dans les bandes riveraines.  L’activité s’inscrivait dans un plus vaste projet de valorisation et de conservation des ruisseaux du mont Saint-Bruno.

On y a planté des érables rouges, des prusses, des caryers cordiformes, des chênes à gros fruits et des chênes des marais, ainsi que des saules pleureurs dorés, des charmes de Caroline, des mélèzes, des amélanchiers du Canada, des aulnes rugueux et une variété d’érables.

Plusieurs bénévoles ont mis la main à la pâte, malgré la pluie et le froid.

En 2016, la plantation s’est déroulée sur le terrain faisant face à l’entreprise Exceldor,  située dans le parc d’affaires Gérard-Filion de Saint-Bruno.  Il a fallu tout d’abord nettoyer les débris de construction avant de pouvoir planter dans la bande de protection riveraine de 10 mètres.

Le projet s’est poursuivi sur la ferme d’Agriculture urbaine Saint-Bruno en 2017, puis sur le terrain de Composite One en 2018.

 

L’écosystème reprend vie…

Après plus de six ans, les lieux de la plantation sont à nouveau des corridors écologiques.  Le taux de survie des arbres plantés est approximativement de 75 % et celui des arbustes est de 50 %.

Grâce au projet de conservation des ruisseaux de Saint-Bruno, l’écosystème du ruisseau des Frères reprend vie.  À titre d’exemple, plusieurs espèces d’oiseaux sont de retour : l’aigrette, le moqueur chat, le gobemouche et autres, sans compter les pollinisateurs, les papillons, et de multiples autres insectes.

Comme une image vaut milles mots, voici quelques photos qui nous parlent des habitats fauniques et floristiques du ruisseau des Frères d’aujourd’hui.

Aujourd’hui, l’écosystème de la bande riveraine est passé de la boue à la végétation.

Un nid plein de vie

L′abeille et l′asclépiade : de grands amis

Bryan Osborne, architecte de la plantation

Un mélèze et ses cônes rouges

Les papillons sont de plus en plus présents.

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Rosier sauvage (églantier)

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Les saules aident à réduire le phragmite.

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Calimaçon dans un conifère

Les menaces…

Mais il faut être réaliste.  Les espèces qui menacent un écosystème accompagnent aussi la nouvelle végétation.  On pense aux rongeurs, aux coccinelles asiatiques introduites dans les années 70, qui ont entraîné le déclin des espèces indigènes, et aux espèces envahissantes telles que le phragmite et le scarabée japonais.

coccinelle asiatique

Coccinelle asiatique : envahissant

Le phragmite : envahissant

Scarabe_japonais

Le scarabée japonais : envahissant

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Mélèze malmené par des rongeurs

Saviez-vous que…

Le ruisseau des Frères a été nommé ainsi parce qu’il traverse les terres appartenant autrefois aux Frères de Saint-Gabriel.  Aujourd’hui, c’est l’Institut de recherche et développement en agroenvironnement (IRDA) qui y a érigé pignon sur terre.

Le ruisseau draine les flancs nord et ouest du mont Saint-Bruno et coule sur près de sept kilomètres, encerclant une grande partie de la municipalité de Saint-Bruno avant de se jeter dans le ruisseau Massé, dans le secteur du boisé Sabourin et de ses milieux humides. Il traverse une variété de milieux, naturel, agricole, industriel, résidentiel et parc urbain.

Une étude universitaire

Saviez-vous que le ruisseau des Frères fait l’objet de corvées de nettoyage printanier et de recherche universitaire ?

Julien Beaulieu, étudiant au baccalauréat en biologie de l’UQAM, a recensé une grande diversité de plantes, au-delà d’une centaine d’espèces, dans les bandes riveraines de Saint-Basile, Saint-Bruno, Sainte-Julie et Saint-Mathieu-de-Beloeil.  Son professeure, Tanya Handa, et lui ont trouvé 18 espèces de carabes et, à leur grande surprise, ont découvert cinq des huit espèces de chauve-souris que l’on retrouve au Québec, dont une espèce qui est en voie de disparition.

Son étude souligne cependant que la perte de la biodiversité demeure une réalité bien concrète à une époque où les humains transforment grandement les écosystèmes naturels. Le territoire autour du Mont-Saint-Bruno s’est transformé en raison des activités d’urbanisation et d’agriculture qui ont réduit la forêt de jadis. De plus, l’arrivée d’espèces exotiques envahissantes tel que le roseau commun mène à une perte importante de la biodiversité indigène.

Un parc linéaire

On aperçoit le ruisseau des Frères lors d’une promenade sur le sentier du parc Quincy-Sous-Sénart, à l’intersection des rues Parent et Marie-Victorin, et dans le parc d’affaires Gérard-Filion.

Membre du comité de travail sur le ruisseau des Frères, la Fondation a encouragé la ville de Saint-Bruno à créer un parc linéaire qui longe le cours d’eau.  On établirait ainsi un corridor écologique et permettrait aux citoyens et citoyennes, ainsi qu’aux travailleurs du parc industriel, de se balader tout en appréciant la nature le long du ruisseau.

La Ville a déjà répondu à l’appel en autorisant la création d’une piste multifonctionnelle le long du ruisseau, à partir de la montée Montarville jusqu’aux équipements du parc Marie-Victorin.

À la découverte du ruisseau des Frères !