440 millions d’années d’évolution au mont Saint-Bruno

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440 millions d’années d’évolution au mont Saint-Bruno

Vous avez aperçu des roches intrigantes lors de vos randonnées dans le parc national du Mont-Saint-Bruno ? Vous croyez que notre Montérégienne est un volcan éteint ou que l’eau de ses cinq lacs provient de la fonte des glaciers ? Découvrez les vraies réponses à vos questions en trois temps d’évolution…

Photo d’entête : Ancienne carrière Goyer, Saint-Bruno (Robert Saint-Jean)

Fondation du Mont-Saint-Bruno, Robert Saint-Jean et Bryan Osborne, géologues

Temps 1 : l’ère de l’eau

Les roches entourant le mont Saint-Bruno se sont mises en place voilà quelque 440 millions d’années, alors qu’un océan recouvre une partie de l’Amérique du Nord.

Les sédiments marins pouvaient atteindre des kilomètres d’épaisseur.  Installés en couches horizontales, ils forment maintenant les Basses-terres du Saint-Laurent.

Ces roches sédimentaires sont constituées de shales gris avec des interlits de grès, siltstone et calcaire.  La grande variété de fossiles qui s’y trouve nous font imaginer la diversité de la vie à cette époque lointaine.

Temps 2 : l’ère du feu

La seconde ère remonte au Crétacé, voilà 124 millions d’années.  C’est à la fin de cette période que disparaissent les dinosaures, la majorité des reptiles marins et les ammonites.

Lors de la formation des collines montérégiennes, le magma pénètre les roches sédimentaires des Basses-terres du Saint-Laurent sans atteindre la surface. Près du magma très chaud, les roches sédimentaires se transforment lentement en une roche métamorphique dure : la cornéenne.

À ce point dans le temps, il n’y avait pas de « collines » au-dessus du sol mais seulement un dôme de roche dure enfoui dans les couches sédimentaires profondément sous la surface. Le magma a parfois pénétré les fissures ou les failles autour de la montagne comme on peut l’apercevoir dans l’ancienne carrière Goyer, qui est maintenant un lac.

Au fil des millénaires, les roches sédimentaires les moins résistantes se sont érodées, exposant lentement les roches magmatiques et la carapace de cornéenne pour former la montagne qui maintenant domine notre paysage. Le même phénomène s’est produit pour les dix collines montérégiennes, du mont Oka au mont Mégantic.

Les géologues croient que les roches du mont Saint-Bruno se sont cristallisées à de grandes profondeurs dans le sol et n’ont jamais jailli à la surface.

Et voilà la réponse à une des questions : Nos Montérégiennes ne sont pas des volcans… y compris le mont Saint-Bruno.

Temps 3 : l’ère de la glace

Cette troisième ère d’évolution est toute jeune comparée à celles qui la précède. Elle se situe à la dernière glaciation du continent, qui s’est terminée voilà environ 12 000 ans.

L’érosion s’est intensifiée lors du passage des glaciers.  Ils se déplaçaient du nord-est vers le sud-ouest en arrachant la roche sédimentaire plus friable et en sculptant le relief de la montagne. De nombreuses stries sur les surfaces des affleurements rocheux témoignent du passage des glaciers.

Lors de leur déplacement, les glaciers ont transporté de gros blocs de roche que l’on retrouve dispersés un peu partout. Ces blocs proviennent parfois de plus de 100 km et ont été laissés sur place lors de la fonte des glaciers.

À la fin de la période de glaciation, les collines montérégiennes étaient des îles dans la mer de Champlain.  Au mont Saint-Bruno, on peut encore voir certaines des plages de sable qui bordaient ces îles.  Par endroit, on peut trouver des coquillages typiques des eaux arctiques.

Une autre croyance populaire veut que l’eau des lacs des collines Montérégiennes provienne de la fonte des glaciers.  Et non, cette eau est évaporée depuis bien longtemps.  C’est plutôt l’eau de pluie et la fonte des neiges qui alimentent nos lacs.